Assemblée générale - Neuvy sur Barangeon - 9 mai 2011

 

RAPPORT MORAL
Bernard RODENSTEIN, président

 

Chers amis,

L'année 2010, en tous les cas la période qui a suivi notre Assemblée générale au HAVRE, au mois de Mai, il y a un an, ne sera pas considérée comme celle d'un grand cru en matière de vendanges très tardives que nous souhaitons tous.
Le constat qu'il nous revient de faire ici, est amer ! Les promesses du Président de la République, en 2007, ne sont toujours pas tenues. A quelques mois d'une nouvelle élection, la question est posée : Nicolas SARKOZY sera-t-il, ou non, fidèle à ses engagements sur la question de l'indemnisation de tous les orphelins de guerre, pupilles de la Nation, issus du conflit de 1939 - 1945 ?
L'un des avocats avec qui nous travaillons, Me Gérard WELZER, d'Epinal, pour ne pas le nommer, pense qu'il n'est pas tout à fait impossible que dans la dernière ligne droite pour la reconquête de l'Elysée, le tenant actuel du titre et futur candidat à sa propre succession, pourrait être tenté, pour des raisons éminemment électoralistes, de trouver l'argent nécessaire dans des caisses certes déjà vides de l'Etat, mais que lui importerait que le déficit soit creusé un peu davantage encore, si des dizaines de milliers d'électrices et d'électeurs se déclaraient satisfaits de l'opération ?
Maître WELZER est non seulement un excellent juriste mais aussi un fin connaisseur de la chose publique et du monde politique auquel il a lui-même appartenu. Puisse-t-il dire vrai !

Car notre dossier, de toute évidence, est avant tout un dossier politique.
Depuis 4 ans, toutes les réponses officielles qui nous sont faites reprennent le même refrain : il y a, il est vrai, une profonde inégalité et une véritable injustice dans le traitement discriminatoire qui est appliqué en la matière. Cet aveu a été formulé il y a peu, dans le courrier que nous a adressé Monsieur Alain Juppé en personne pendant le court laps de temps où il fut Ministre d'Etat, ministre de la Défense. Ses propos ne sont pas tombés dans l'oreille de sourds et ils nous serons très utiles pour la suite de nos démarches. Ils ne diffèrent guère de ce que nous a dit Jean-Marie BOCKEL lorsqu'il nous a reçus, Rue de Bellechasse, en qualité de Secrétaire d'Etat aux anciens combattants. Mais cette fois ci nous détenons un papier très officiel où ces mots sont écrits noirs sur blanc.
Mais il nous a été demandé de nous comporter en citoyens responsables. Nous devons comprendre et accepter que les temps sont durs pour l'Etat et que nous nous ne pouvons pas exiger de lui de s'endetter encore davantage pour nous, même si notre cause est juste. Pour nous piéger un peu davantage, les élus et le gouvernement n'ont pas hésité à prendre l'opinion publique à témoin. Que pensez vous qu'il arriverait, nous a-t-on souvent laissé entendre, si dans la situation de crise économique actuelle, le pays apprenait que 2 ou 3 milliards d'argent public sont affectés à des personnes de plus de 65 ans qui ont relativement bien vécu jusque là et qui réclament aujourd'hui, des indemnités pour un tort subi il y a fort longtemps ? On cherche à nous culpabiliser pour nous prier de rentrer dans le rang et de ne plus importuner les pouvoirs publics sur cette question.
Même Monsieur Lefebvre qui était soulevé d'enthousiasme à la lecture du message du
Président Sarkozy en Mai 2007 et qui a voulu nous persuader que la victoire était acquise, a
récemment découvert que nous sommes en plein débat politique avec ce dossier.
Ses troupes ont du apprécier cette confession bien tardive !
Car la question financière n'est évidemment pas la clef du problème.
Avec les récentes révélations sur le nombre approximatif d'orphelins qui pourraient être concernés, l'argument financier est moins recevable encore que jamais. Le chiffre de 230.000 personnes qui a longtemps prévalu dans les calculs du Ministère est subitement ramené à environ 80.000. Il y a eu des décès, il est vrai, depuis lors dans nos rangs, mais pas 150.000 Il y a eu truandage sur les chiffres, pour nous décourager, tout simplement. Et puis, nous observons tous, depuis toutes ces années, que des millions et des milliards sortent, comme par magie, de la manche des gouvernants, dès que se déclare un événement auquel il faut apporter une réponse immédiate.
La guerre dans laquelle notre pays est entré pour défendre le peuple Libyen et sans doute aussi le pétrole que nous y achetons, nous coûte un maximum et le Parlement n'a même pas eu à en débattre. La liste des « enveloppes » distribuées, tantôt aux banques en faillite, tantôt aux victimes de l'amiante ou du Médiator, à juste titre d'ailleurs, cette liste est impressionnante et nous donne à nous interroger : et pourquoi pas pour nous ?

Le gouvernement sait que son argument est faible.
C'est pourquoi il peaufine régulièrement ses positions et trouve d'autres justifications à son immobilisme.
Pour n'en citer que quelques unes :

  1. Nous avons tous déjà été indemnisés via les pensions de veuves de guerre qu'ont touchées nos mères et qui étaient augmentées d'un supplément par enfant jusqu'à notre majorité. Oui, c'est exact. Mais ce fut une aumône. Aucune comparaison possible avec les indemnités versées au titre des décrets de 2000 et de 2004 et qui, faut-il le rappeler, sont régulièrement augmentées d'un taux qui dépasse l'inflation ! De surcroît, les bénéficiaires de la rente ou du capital, selon leur choix, ont été, eux aussi, destinataires des mesures générales d'après guerre. Le raisonnement des ministres et des parlementaires sur ce point ne fait que souligner davantage encore l'injustice qui nous frappe.
  2. La reconnaissance et la réparation particulières dont bénéficient les catégories désignées par les décrets sus nommés, ne sont accordées qu'aux victimes de la barbarie nazie ! La belle affaire ! Qu'est-ce donc que cette barbarie là ? Toute guerre est, en soi, un acte de barbarie. Toutes les victimes doivent être considérées comme les sacrifiés sur l'autel de la folie et de la barbarie de quelques uns.

Là encore l'Etat a reculé ! La preuve, c'est qu'il inventé un nouveau concept sorti de nulle part, en tous les cas pas d'un manuel de droit : seules les victimes de « l'extrême barbarie nazie » sont donc indemnisables. Comprenne qui pourra ! Ce que nous comprenons, c'est que l'embarras des pouvoirs publics augmente de fois en fois et que ses échappatoires se raréfient.
3) La phrase assassine de Philippe DECHARTRE, ancien ministre : Selon lui, dans le rapport qu'il a remis au chef de l'Etat et sur lequel ont travaillé les commissions AUDOUIN et BLOCK, les non indemnisés que nous sommes pour la majorité d'entre nous, doivent se considérer comme les victimes « de la glorieuse malchance des armes » !! Je ne connais qu'une expression pour qualifier cet exercice de langage digne d'un poète militaire : On se fout de notre gueule ! Si ce Monsieur a pu penser, en écrivant ce morceau d'anthologie que notre orgueil patriotique en serait flatté, il doit déchanter. C'est plutôt comme une insulte supplémentaire que je reçois cette tirade. Il est un fait que selon la formule populaire « on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs » on peut imaginer des stratèges dire qu'on ne fait pas de guerre sans laisser des vies humaines sur le carreau. Mais s'agissant de nos pères, de nos mères, jamais nous n'accepterons qu'ils aient pu être considérés comme des victimes collatérales. Ce sont nos êtres les plus chers qui nous été arrachés. C'est de notre privation qu'il s'agit. Leur absence a pesé sur toute notre existence et continuera à marquer nos jours et nos nuit jusqu'à notre propre mort. Si l'Etat français veut nous amadouer, il faudra qu'il fasse encore preuve de plus d'imagination que cela et je ne suis pas sûr qu'il trouvera jamais une bonne excuse à sa dérobade.

La réalité,
Celle qui nous a été susurrée à l'oreille plusieurs fois par de hauts responsables politiques qui réclament la discrétion la plus absolue, c'est que les couloirs de l'Elysée, de Matignon et de la Rue Saint Dominique, bruissent des pas pesants, et pesants lourd, de groupes de pression qui défendent un point de vue unique et systématique : les seuls héros de la deuxième guerre mondiale qui ont mérité de la Patrie, des honneurs de la Nation et des prébendes qui vont avec, sont les déportés politiques et les victimes de la Shoah. Leurs enfants aussi doivent avoir leur part de la reconnaissance particulière de l'ETAT. D'où les
décrets de 2000 et de 2004.
Pour le reste, circulez, il n'y a rien à voir !
Et de là découlent les mesquineries, les suspicions, les accusations en tous genres que nous avons découvertes dans toute leur splendeur dans le rapport du Préfet AUDOUIN. Votre père était dans le maquis ! Bien ! Avait -il des armes à la main ? Oui ? C'est donc qu'il était engagé volontaire dans un conflit armé. C'est donc qu'il a cherché sa mort ! Votre père était incorporé de force dans la Wehrmacht ? Pouvez- vous prouver qu'il n'avait pas de sentiments pro germaniques, qu'il a réellement été pris de force ? Pourquoi ne s'est-il pas soustrait au service en s'évadant comme l'ont fait tant d'autres ? Assis dans de beaux fauteuils en cuir, ils ont la partie facile, celles et ceux qui, 60 ans après, réécrivent l'histoire du haut de leur ignorance totale du contexte de l'époque ! Au fur et à mesure que nous découvrons les coulisses de ce qui se joue, nous allons d'écoeurement en écoeurement.
Les « héros » qui sont revenus, heureusement vivants, devraient avoir un peu plus de pudeur et d'égards par rapport à celles et à ceux qui n'ont pas eu ma même chance qu'eux. Je ne mesure que depuis une dizaine d'années à quel point les anciens combattants rentrés sains et saufs ont oublié, ignoré les enfants des morts, des tués et des disparus. Ils n'ont pas levé le petit doigt pour nous. Leur seule préoccupation et je les comprends, c'est logique, a été de se faire dédommager du mieux possible, avec les honneurs dus à leur statut. Nous aurions sans doute fait la même chose. Chacun, dans la détresse, voit midi à sa porte et se bat pour lui-même. Ils ont constitué ensemble de puissantes associations qui ont su se faire entendre des pouvoirs publics, lesquels n'osaient pas leur refuser grand-chose, tant leur poids électoral était grand jusqu'à il y a peu.
Mais qu'a fait notre représentation nationale ? Où avait- elle sa tête ? Comment a-telle pu passer à côté de nous sans nous voir ? Et pourquoi voudrait-elle, qu'aujourd'hui encore, nous nous fassions oublier ?
Je dois à la vérité de dire que nous trouvons, depuis quelques années des appuis fidèles à notre cause dans le monde des parlementaires. Ils ne sont pas très nombreux, mais il s'en trouve quelques-uns dans toutes les formations politiques. Je tiens à les en féliciter. Force nous est faite de reconnaître que leurs efforts, ajoutés aux nôtres, n'ont pas porté beaucoup de fruits. De nombreuses propositions de lois ont été déposées sous toutes les mandatures, y compris pour soutenir notre projet de création du FIVIG, le « fonds d'indemnisation de toutes les victimes de toutes les guerres » que nous avons imaginé lors de notre dernière Assemblée Générale.
Tout le monde est convaincu, à tous les niveaux des interlocuteurs que nous avons pu rencontrer que ce dossier est ultra sensible, pour les raisons évoquées ci-dessus, et, qu'à ce titre, il relève directement et exclusivement de l'Elysée. Cet Elysée qui demeure mystérieusement muet.

Alors, qu'avons-nous encore à faire et à espérer ?
C'est l'objet de nos travaux de ce jour que d'en débattre et d'en décider ensemble.

1) Dans un récent courrier du Ministre de la Défense, Monsieur LONGUET, il est encore toujours question, que le Gouvernement, je cite, « s'attache, conformément à l'engagement du Président de la République, à définir la solution qui tienne le plus grand compte de l'équité et corrige les principales inégalités constatées, dans l'application de la notion de victimes d'actes de barbarie pendant la seconde guerre Mondiale ».
« C'est ainsi, poursuit-il, qu'un projet de décret unique a été préparé à la demande du Premier Ministre. Il se trouve actuellement en phase d'approbation ». Cette réponse, très semblable à des dizaines d'autres, reçues auparavant, n'est intéressante que dans la mesure où elle confirme qu'un décret va paraître un jour et que l'Etat reconnaît bel et bien que les textes précédents ont généré des inégalités réellement constatées. Lesquelles ? Motus et bouche cousue.
Un traitement équitable sera appliqué ! Cette expression qui veut tout dire et rien dire à la fois, n'est pas faite pour nous rassurer. L'équité est une notion très subjective qui permet de justifier n'importe quel choix effectué sur la base de sentiments personnels, mais pas en fonction d'un droit qui institue l'égalité entre tous.
Notre rencontre, il y a 8 jours, au même ministère, avec le conseiller technique en charge du dossier des anciens combattants, M. PINEAUD, nous a permis de mieux comprendre les hésitations actuelles des pouvoirs publics. Nous avons vu, posé sur son bureau, le dossier qui contient le projet de décret. Monsieur Pineaud était censé donner son avis au Premier Ministre. Il ne nous pas caché que si le texte devait paraître dans son état présent, la révolte gronderait dans nos rangs, tant il est loin de correspondre à nos attentes. Les engagements pris par Monsieur Sarkozy n'y sont pas respectés, pour des motifs, selon lui, strictement budgétaires. Il pense que ce risque politique ne devrait pas être pris. La conscience de la haute teneur explosive du dossier est dans toutes les têtes. Il est donc probable qu'aucun décret ne paraisse. Le temps joue pour le gouvernement et contre nous. Seul Monsieur SARKOZY appréciera le pour et le contre de la stratégie de l'enlisement. Son propre intérêt électoral le conduira, peut-être, à créer la surprise. Cela rejoint ce que nous a déclaré d'emblée notre avocat, Me WELZER ! Cela nous donne surtout la responsabilité de ne pas nous arrêter en si bon chemin. Les élections auront lieu dans un an. Il s'agit que nous nous fassions entendre très fort pendant cette période décisive. Je supplie toutes celles et tous ceux qui, parmi nous, sont sur le point de jeter le manche après la cognée, de ne rien en faire et de redoubler, au contraire, d'ardeur, pour dénoncer l'injustice qui est enfin reconnue en haut lieu et pour exiger que la seule solution raisonnable, la réparation sans condition, soit retenue et mise en application.

2) De façon très « in officielle », nous avons des contacts avec un ministre en exercice qui ne nous laisse guère d'espoir quant à l'aboutissement de notre demande d'indemnisation générale de tous les orphelins de la seconde guerre mondiale. Il doute que l'Etat trouve les financements nécessaire et il est persuadé surtout que les groupes de pression évoqués plus haut, laissent passer une mesure qu'ils interprèteraient illico presto comme un acte de banalisation des souffrances endurées par le peuple juif et par les « héros » de la résistance. Il n'a cependant pas été insensible, à titre personnel, à la longue liste des revendications « accessoires » que nous avons établie depuis longtemps au sein de nos instances et que nous considérons comme étant le minimum des satisfactions que nous serions en droit de recevoir. Voici cette liste :

  1. la prise en charge complète, d'au moins un voyage sur la tombe du défunt, y compris si celui-ci repose dans un pays étranger.
  2. La gratuité pour les pupilles de l'accès à tous les lieux de mémoire, aux musées de la guerre.
  3. A l'instar de ce qui se pratique déjà en Région parisienne, obtenir une carte de circulation à tarif réduit, voire la gratuité totale, dans les transports en commun
  4. Obtenir l'allocation différentielle à laquelle ont droit les anciens combattants
  5. Pouvoir bénéficier de la demi-part pour les impôts sur le revenu, cumulable et sans condition de ressources
  6. Avoir accès à la retraite mutualiste, aujourd'hui réservée aux enfants de « morts pour la France » à titre militaire
  7. Bénéficier, en toutes circonstances, d'une aide juridique et administrative pour tous les actes de la vie courante.

Mais il va de soi que nous ne voulons pas que ces « miettes » qui seraient certes appréciables, ne dispensent le gouvernement de nous donner pleine satisfaction sur la question de fond, celle de la reconnaissance et de la réparation de plein droit, à égalité avec tous les autres déjà indemnisés.

 

3) Vous l'avez compris, il n'est question jusque là, que des orphelins de la guerre de 1939/1945. Nous nous sommes maintes fois expliqués avec nos adhérents qui relèvent d'autres conflits, notamment de la grande guerre de 1914/1918. Nous nous battons pour eux tout autant que pour nous. Mais il faut être conscient que les décrets que nous incriminons, ne visent que 39/45 et ce n'est pas de nôtre fait. Les gouvernements successifs depuis 2000 en ont ainsi décidé et les engagements du Président N. Sarkozy ne concernent que ce même conflit. Nous avons du accepter, dans tous les entretiens officiels, de tenir compte de cette limitation volontaire du champ de la négociation. Et c'est pourquoi, je le rappelle ici avec force, notre Fédération est la seule, à ce jour, a avoir revendiqué la création d'un fonds d'indemnisation permanent de toutes les victimes de faits de guerre, le FIVIG. Nous avons proposé sa source de financement : le prélèvement d'une taxe spéciale sur le commerce de l'armement. Eu égard aux rumeurs de plus en plus fondées de versements de commissions et de rétro commissions portant sur des montants faramineux encaissés par des partis politiques ou des intermédiaires divers et variés, nous nous sentons légitimés à faire une telle suggestion de bon sens.
Dire que nous avons rencontré des interlocuteurs enthousiastes serait terriblement exagéré. Certes, des parlementaires ont réagi favorablement et il y a eu l'une ou l'autre proposition de loi en ce sens. Mais la quasi totalité du monde politique est vent debout contre ce projet.
Première objection : une telle initiative n'existe nulle part ailleurs dans le monde. Aucun Etat ne veut s'imposer une telle pénalité s'il estime nécessaire d'rentrer en guerre. C'est pourtant bien ce que nous souhaitons. Si la barbarie doit disparaître, ce que tous disent appeler de leurs vœux, il faudra bien en finir avec les guerres et trouver des issues éthiquement plus défendables que la boucherie sur les champs de bataille. Ces solutions existent. Elles sont méprisées par les va-t-en guerre qui gouvernent encore et toujours selon des principes qui ne devraient plus avoir cours de nos jours. Deuxième objection, elle nous a été royalement servie par le Président de la commission de la défense à l'assemblée nationale, le député Guy Tessier, la France, nous a-t-il écrit, ne peut pas faire payer plus cher les armes qu'elle fournit à des pays amis, sinon elle ne les traiterait plus comme des amis ! Il fallait oser. Ce monsieur a osé ! L'argumentaire est des plus faibles. Mais il traduit bien l'embarras de nos responsables politiques.
D'ailleurs, si le financement au moyen d'une telle taxe spéciale déplaît tant, rien n'empêche le gouvernement de trouver d'autres idées ! Pourvu que ce fonds soit enfin créé et financé.
Mais, chers amis, y croyons- nous nous-mêmes à ce projet ? Je pose la question devant vous car il m'est apparu tout au long de l'année qui nous sépare de l'AG du Havre où nous l'avons adopté, qu'il n'a pas été porté avec beaucoup de conviction dans nos rangs. Une telle idée ne pouvait être immédiatement applaudie et mise en œuvre. Elle remet en question plein de choses. Le droit de faire la guerre est une prérogative ancestrale des chefs d'Etat. Ils ne consultent même pas leurs parlements pour s'y engager ! C'est dire que rien ne peut les faire douter de leur pouvoir d'agir librement pour ce qu'ils présentent toujours comme le bien de la Nation. Avec les inévitables dégâts collatéraux que nous connaissons si bien.
J'ai du mal à concevoir que des orphelins de guerre ne se réunissent que pour demander des réparations de leur souffrance. Nous avons le droit de le demander, c'est certain, mais nous sommes aussi les mieux placés pour dire : « plus jamais ça ! plus jamais des enfants condamnés à se passer de leur père, de leur mère, des deux parents, en raison de coups de folies de gens qui n'exposent jamais leur vie, mais celle de leurs « sujets », pour assoir leur grandeur et satisfaire à leur paranoïa. Même si le FIVIG doit mettre du temps à sortir des enceintes parlementaires, nous devrions rester en première ligne sur cette thématique qui est susceptible d'ouvrir une brèche dans l'absolue bonne conscience des chefs de guerre. C'(est ma conviction profonde et j'ose espérer, chers amis, que nous confirmerons, à nouveau, cette orientation singulière qui caractérise notre Fédération.

 

4)   Nous avons produit quelques documents qui sont encore sous-utilisés à ce jour :

  1. La plaquette de l'an dernier : « de la mémoire du passé aux efforts pour la paix », le rapport présenté à notre assemblée Générale du Havre.
  2. Le manifeste
  3. En Alsace : les deux livres « paroles d'orphelins, enfin des mots »
  4. Le film documentaire consacré aux familles des disparus (DVD)
  5. Les croix pour accompagner des manifestations

5)    Les médias ! Notre plus grosse déception ! Nos papiers sont rarement publiés. La seule
exception notable est la reprise par le MONDE.net de l'un de nos derniers papiers
intitulé « 100.000 orphelins de guerre méprisés par l'Etat ». Plusieurs sites internet ont
repiqué cet article.

CONCLUSION

L'heure, plus que jamais, est à la mobilisation de nos énergies. Je comprends celles et ceux qui n'y croient déjà plus. L'attente est longue et les signes positifs sont rares. Mais le pouvoir politique compte précisément sur notre usure. Il n'aura pas à trahir ses engagements. Avant peu, nous allons déposer les armes et laisser nos gouvernants gouverner en paix. Ce tableau, chaque fois qu'il passe dans ma tête, me répugne. Je ne peux imaginer que, parvenus à ce stade, nous nous laissions mutuellement tomber ! Ne faisons pas ce cadeau à ceux qui nous traitent par le mépris depuis si longtemps. Nous avons réussi à mettre les élus sur la sellette. Plusieurs d'entre eux relayent nos messages au sommet de l'Etat. Ce n'est décidément pas le moment de renoncer !
Je vous le demande très fraternellement, osons encore investir dans cette action, osons encore espérer, osons défier les pouvoirs qui savent déjà que les urnes se ressentiront de nos choix ! Il est encore possible de gagner la partie. Serrons-nous les coudes pour réussir. Nos parents, morts à la guerre, méritent d'avoir des enfants qui relèvent un défi aussi peu risqué. Car, que risquons-nous ? De perdre ? Nous ne perdrons rien, puisque nous n'avons jamais rien reçu. Mais nous pouvons faire pencher le fléau de la balance en notre faveur. Les démocraties sont friandes du vote de leurs électrices et électeurs. Oui, nous pouvons gagner, c'est vraiment le seul risque que nous courons en poursuivant sur la voie que nous nous sommes tracée.